Description
Avec Forêts obscures, Corinne Bille renoue avec les paysages qui ont marqué si profondément son imaginaire. Son premier recueil de poèmes, déjà, donnait le ton:
La voix des arbres
Est la seule qui parle
Dans sa préface, Maurice Chappaz établit le lien que Corinne Bille entretint avec la nature, toile de fond d’une grande partie de son œuvre.
«La poitrine un peu haletante, elle pensa qu’elle devait être réellement sortie des terres. Où était le chalet? Elle grimpa et bientôt à la percée des mélèzes elle le vit comme un petit cube de miel. Elle s’arrêta et inspecta autour d’elle. Voici quelques plants de myrtilles et sur un sol presque noir deux orchidées: «Le céphalanthère, une rare, une ignorée…» L’émotion l’empêcha soudain de bien respirer et à tout instant elle désirait respirer à fond cet air. «Je vais connaître une seconde jeunesse…» Ah! il y avait longtemps qu’elle n’avait été si heureuse d’un bonheur ample et doux, supportable. Car certains bonheurs, elle les supportait mal, mais celui-là était fait pour elle, selon ses secrets et si naturel: il ne l’angoissait pas. Un bonheur fou, pensa-t-elle, peut ressembler à une maladie.»
Ecrit juste avant la mort de Corinne Bille et publié en 1989 à titre posthume, Forêts obscures est un roman de l’inconscient. Le lecteur en décryptera les symboles et goûtera sa fraîche poésie.