Historique de L’Aire
Dans les années cinquante, des élèves et des amis d’André Bonnard, helléniste de renom, ont créé une revue, Rencontre. Parmi eux figuraient Michel Dentan, Jean-Pierre Schlunegger, Jean Pache, Georges Haldas, Lucien Dallinges, Philippe Jaccottet, Henri Debluë. Trois ans plus tard, la revue se transforma en coopérative et édita les principales traductions des classiques grecs. Philippe Jaccottet traduisit Le Banquet de Platon, Haldas se pencha sur Anacréon et Lucien Dallinges nous offrit une remarquable traduction de Travaux et les Jours d’Hésiode. Sous le nom de Coopérative Rencontre s’éditèrent les traductions d’André Bonnard. Celle d’Antigone reste la plus inspirée et la plus poétique. La plupart de ces titres ont été réédités plus tard dans la collection LE CHANT DU MONDE des Éditions de l’Aire.
Puis la Coopérative Rencontre prêta son nom aux Éditions Rencontre S.A. qui devint très rapidement, grâce au dynamisme de Pierre-B. de Muralt, un éditeur important du monde francophone. La Coopérative Rencontre poursuivit son activité éditoriale à l’ombre de ce géant. Pour distinguer sa production, la Coopérative rajouta la mention L’Aire, le lieu de la grange où l’on bat le blé. Ses principaux auteurs furent Haldas, Alice Rivaz, Vuilleumier, Catherine Colomb, Jean Pache. La collection L’Aire fut dirigée par Michel Dentan et ensuite par Jean Pache. Son principal revenu provenait de la négociation des titres Rencontre SA cotés en bourse. Le Chiffre d’affaires de la Coopérative était symbolique.
Mai 68, avec ses conséquences (grève de l’Imprimerie Rencontre à Mulhouse, dévaluation du franc français, grèves des postes) porta un coup terrible aux Éditions Rencontre. Le titre perdit le 90% de sa valeur en une nuit. Les années qui suivirent, la Coopérative diminua son activité et la suspendit. En 1974, Rencontre SA, victime de la bourse, fit savoir que la coexistence des deux sociétés était devenue impossible car dans l’intervalle la S.A. avait changé deux fois de propriétaire et avait modifié ses statuts.
En mai 1978, après quatre ans d’inactivité, la Coopérative changea de nom, modifia ses statuts et devint les Éditions de l’Aire. Le premier livre paru fut Requiem pour une révolution perdue de Claude Jaquillard. Depuis 1978, un millier de titres parut (ou parurent) sous le nom de L’Aire. En 1995, la Coopérative se transforma en Société Anonyme. En 1992, L’Aire quitta Lausanne pour s’installer à Vevey. En 1998, L’Aire fêtait ses vingt ans d’activité et publia à cette occasion une anthologie résumant son activité: Vingt-cinq siècles de littérature de Platon à Marie-Claire Dewarrat. Dans son livre Feuilles et racines, Michel Moret explique le cheminement juridique de ces deux sociétés.
Puis, L’Aire se transforma en Société Anonyme. D’autres collections virent le jour: L’AIRE BLEUE (Collection de poche), FORTES TÊTES (Témoignages), et plus tard: FEUILLES ORIENTALES (Ouvrages historiques). Comme chaque individu, une entreprise a ses hauts et ses bas mais L’Aire a maintenu ses objectifs au fil des ans: défendre les auteurs du pays, découvrir de nouveaux auteurs, remplir son rôle d’éditeur citoyen en publiant des ouvrages socio-politiques et rester ouvert aux autres cultures en publiant des auteurs de renom: des polonais dont Joseph Bochenski, des danois, des allemands, des autrichiens et bien sûr des français et des belges dont Georges Simenon.
En 2018, L’Aire a fêté ses quarante ans d’existence. Pour marquer cet événement, L’Aire a publié le Journal de Monique Saint-Hélier, fort de dix-huit tomes.
Aujourd’hui, L’Aire prépare son avenir en douceur en transférant son portefeuille d’actions à des jeunes passionnés de littérature et en y intégrant des personnes animées du même idéal au sein de son Conseil d’Administration.