Description
Euripide enjambe les siècles… Aristote appelle Euripide le plus tragique des poètes. A juste titre. Il est arrivé à la critique de déprécier la tragédie d’Euripide, en l’opposant à celle de ses aînés comme la tragédie du doute à celle de la foi. Mais le doute du poète à l’égard de la Sagesse divine n’est-il pas justement l’agent le plus sûr par lequel le tragique s’aggrave et s’épure? Dans l’univers qui se vide de sens, l’isolement de l’homme s’accroît. Y a-t-il des dieux? Peut-être. Mais ils ne sont que forces arbitraires qui ne se laissent ni calculer ni fléchir. Ni adorer. Quel visage montre le dieu des Baccantes au croyant qui le découvre? Le visage de la perfidie et de la cruauté –visage de l’Inhumain. Plus terrible que le mécanisme du destin, parce qu’échappant entièrement à la prise de l’intelligence comme à l’élan des âmes, règne le Hasard.
Tragédie traduite par André Bonnard