Description
LichtenbergLichtenberg (1742-1799) est un homme des Lumières, de cette époque appelée en Allemagne Aufklärung. Professeur de physique et de mathématique à l’université de Göttingen, très apprécié de ses élèves, c’est pourtant une oeuvre publiée après sa mort qui nous le rend si important et si attachant : ses «Aphorismes», ses cahiers de notes prises au jour le jour pendant 35 ans (de 1765 à sa mort). Lichtenberg y passe au crible de sa raison ce qui se produit chez lui et dans le monde, jetant un regard aigu et neuf sur sa vie et celle des autres, relatant ses pensées avec une sincérité merveilleuse. Où d’autres ne voient rien que de normal, il fait mille découvertes grâce à son ingénuité, à son intelligence, à son refus systématique des pensées toutes faites. C’est que chez lui la raison n’est pas cette machine de guerre utilisée par Voltaire contre la superstition religieuse et l’ignorance. Lichtenberg appartient à ce XVIIIe siècle tardif où le doute s’étend au point que la raison se met à douter d’elle-même, où l’observation de la nature prend le pas sur l’esprit de système. Un mot au sujet du titre de ce livre : même si les aphorismes proprement dits ne sont qu’une partie de ces réflexions, j’ai gardé le titre d’«Aphorismes» parce que l’ouvrage est connu sous ce nom depuis longtemps. Mais Lichtenberg appelait ses cahiers Sudelbücher. Le mot peut se traduire en français du XVIIIe siècle par livres-brouillards. Il est emprunté aux commerçants qui y «inscrivent jour après jour tout ce qu’ils vendent et achètent, tout cela pêle-mêle, sans ordre», avant de le reporter dans un Journal, et enfin dans un Livre de comptes à double entrée. «Ce procédé est digne d’être imité par les savants. Tout d’abord un livre où j’inscrive tout, tel que je le vois ou que mes pensées me le rendent.» Georg Christoph Lichtenberg est inimitable, il est irremplaçable, comme tout grand esprit. Regarder le monde et penser en sa compagnie, voilà ce que propose cet ouvrage. Choisis et traduits par Bertrand Baumann.