Description
Voici le tram et ses rencontres fortuites, le hall de gare et sa «messagère ange / au fauteuil roulant», les quais et les trains qui arrivent et qui partent… Autant de lieux de passage chers à Markus Hediger et que nous retrouvons dans son nouveau recueil de «romésie». «Dans le cendrier du temps», à côté des figures emblématiques de l’enfance comme la grand-mère, l’arrière-grand-tante Rosa reléguée à l’asile, la voisine presque centenaire, Fräulein Lüscher, «de noir vêtue et gantée / de fil», qui passe dans la rue un après-midi d’été.
Voici les stylos à plume noirs qui attendent leur tour, le cahier à carreaux, «autant / de vitres qui me regardent», où vers après vers se sédimentent, voici un café à Istanbul, où zigzaguent les serveurs et où l’acte d’écrire est mis en scène et en oeuvre. Voici, enfin, une suite de vingt tanka, truffée d’auto-ironie et d’humour, qui retrace la journée du «Vieil au sureau dormant», ses va-et-vient dans l’appartement, ses soliloques, ses dialogues imaginés, ses souvenirs, ses fantasmes:
XXIV
Que dit le parquet ?
Il crisse, aboie ou rouspète
sous ses pas posés.
Plus loin, le seuil de bois geint
sa question, toujours la même.
Markus Hediger, né à Zurich en 1959, traduit en allemand des auteurs
romands, notamment Nicolas Bouvier, Claire Krähenbühl, Alice Rivaz,
Pierre-Alain Tâche et Yvette Z’Graggen.
Se consacrant à l’écriture en français depuis 1977, Markus Hediger a publié deux recueils de «romésie» ainsi qu’un essai: «Ne retournez pas la pierre» (1996), «En deçà de la lumière» (2009 et «Les Après-midi de Georges
Schehadé» (2009). Plusieurs de ses poèmes ont été mis en musique, entre autres par Constantinos Stylianou (L’or et l’ombre, 2011).