Description
Treize ans après l’avoir écrit d’une seule coulée, j’ai relu pour la première fois de bout en bout. Le Chêne brûlé. Le texte a-t-il bien vieilli, comme on le dit d’un vin honorable? Plus qu’à l’écrivain, c’est au lecteur sur ce point qu’il convient de se prononcer. Je n’en ai pas modifié la composition, malgré les réserves qu’ici ou là je pourrais faire touchant un style et une pensée que je serais tenté de corriger. Je n’ai rien ajouté ni ôté à ce moment de mon expression littéraire: je l’ai respecté comme un monument. Pour l’essentiel – violence, humour et tendresse – le Gaston de mil neuf cent quatre vingt-un ne diffère pas de celui de l’année soixante-huit. Ma langue et ma pensée ont évolué sans doute, mais mes fantasmes n’ont guère changé. Aujourd’hui comme hier, au temps de la parole comme à l’époque du silence, les mêmes pulsions me hantent, les mêmes divinités diurnes ou nocturnes requièrent de moi des sacrifices identiques. L’amour charnel, la fraternité humaine et l’élan vers l’Absolu me travaillent toujours. Le Chêne Brûlé enfin livre les arcanes de mon oeuvre entière: Le Gour noir, Le collier de Schanz, La Bouche de l’Ombre, et maintenant Les Changelins sont plus accessibles à quiconque a lu ou lira cette autobiographie poétique.
G. C.
Nouvelle édition avec une préface de Karim Karkeni.