Description
A l’hôpital, certains patients portent un petit sac de matière innommable, accroché à l’extérieur de leur corps. Je porte aussi un petit sac, tout le temps, à force de digérer des questions auxquelles, d’habitude, une réponse d’une ligne suffit: C’était comment, ce film? Alors, bien, ces vacances? Pourquoi tu ne dis rien? C’est pourtant une matière innommable dont il s’agit. Ni carte postale ni lettre, ni extrait de journal. Des sujets bien trop minces ou trop étouffants. Un quart de tiers de rencontre. Un frôlement de cheveux. Un uniforme à rendre. Des bulles au fond d’une casserole. Un cauchemar oublié le lendemain. J’ai besoin de tirer cette matière hors de mon corps. De lui donner une forme. De la transformer et de l’envoyer, tout de suite, de peur de perdre pied, à trop attendre.
Corinne Desarzens est née à Sète en 1952. Polyglotte et voyageuse, elle a visité les cinq continents. Des périples qui lui ont inspiré plusieurs livres : Il faut se méfier des paysages (Irlande), Carnet madécasse (Madagascar), Pain trouvé (Les Antilles), Je voudrais être l’herbe de cette prairie (un voyage ferroviaire de Lisbonne à Riga), Mon bon ami et Sirènes d’Engadine (Engadine). D’autres titres révèlent un autre aspect de son œuvre : Bleu diamant, Aubeterre, Je suis tout ce que je rencontre et Poisson-tambour. Le verbe être et les secrets du caramel fait en quelque sorte la synthèse entre ces deux versants.