Description
On rêve nos histoires. Leurs fins plus encore que leurs commencements. On imagine. On invente des motifs. On recrée le monde autour d’une certitude (comme Braque appelait l’élément de «vrai» collé sur la toile). Un point de départ, un petit morceau de réalité pour soutenir le rêve, dit Nancy Houston. Par exemples une Ophélie qui revient à la vie en retrouvant le nom des fleurs; des enfants qui bourdonnent autour d’une femme couchée; des rideaux épinglés dans l’attente d’un fil incertain, un arbre fossilisé au fond du lac, une cheville cassée dans les trolles d’Europe. Des chambres et des chambres d’hôtel ou d’hôpital. Et plus secrètes encore, celles où se joue, dans le rouge mais obscurément, l’autre scène. On brode nos amours en italique. On touche nos morts dans l’odeur vivante des chrysanthèmes. On retouche notre histoire pour qu’elle ressemble un peu plus à son modèle: notre désir. On se tient dans l’écart entre imaginaire et réalité.
Claire Krähenbühl est née à Yverdon en 1942 et vit à Rivaz. Elle s’est longtemps partagée entre une activité artistique où l’estampe et le collage avaient la plus grande part et l’écriture où dominait la poésie. Si l’écriture l’a emporté depuis quelques années, il reste dans ses textes une trace de son travail sur l’image et la texture.