Description
La femme qui lui ouvrit aurait pu être belle sous une autre lumière. Ailleurs, dans un autre décor que ce cadre de porte d’où s’échappait le bruit d’une radio; ailleurs, loin des néons qui soulignaient ses cernes comme deux lunes noires. Il pensa à la lumière, mais aussi à cette peur d’être vue et qui fait qu’on renonce à sortir, mais ce n’est pas qu’à cela qu’on dit adieu; c’est à la caresse du soleil, c’est au vent et aux chants des oiseaux, même si parasités par le ronronnement des moteurs de voitures; tout au bout, c’est la liberté qui s’en va, quand on a peur du dehors. «Majda Mahfouz?»
Après un premier roman déjà très remarqué, gratifié de deux prix littéraires, Xochitl Borel brasse plus large et profond, entre détresse et tendresse, dans le magma d’une réalité pesante que son regard et son verbe allègent sans l’édulcorer. De L’alphabet des anges à son deuxième ouvrage: Les oies de l’Île Rousseau, une vraie romancière impose son univers poétique avec autant de porosité sensible que de vigueur réaliste. (Jean-Louis Kuffer)