Description
Il semblera parfois que ce livre s’amuse à démentir son titre général, à s’égarer loin des formes et du ton poétiques, à créer des ruptures, des heurts, des dissonances sous lesquels pourtant s’entend le flux d’une voix unique. Ainsi, le premier texte: Soliloque à deux voix dont l’une muette. Titre paradoxal pour couvrir un désordre apparent, un chaos dont l’auteur est conscient qu’il revendique au nom de sa pensée en liberté et de ses rêves capricieux. Divers les titres suivants. Mais c’est toujours cette même voix. Celui qui parle affronte en pensée les images agressives du monde moderne, se laissant aller à ses évocations délirantes. Il s’interroge sur le pouvoir et les sortilèges de sa parole, sur ses mirages aussi et ses mensonges. Il cherche à saisir «les insaisissables apparences du monde», à toucher la réalité avec «la pointe la plus aiguë de sa conscience». Parole que légitime et transcende la présence incessante de la musique. La musique qui parfois se saisit du texte, y faisant surgir de grandes ombres dont l’apparition suspend un instant la méditation égocentrique. Parole enfin qui s’interroge sur l’omniprésence fondatrice de la mémoire. Fondatrice ou dévoreuse?
Jean Samuel Curtet est né le 3 octobre 1932 à Agiez-sur-Orbe. Enfance, jeunesse, études (faculté des lettres) à Lausanne. Il vit à Nyon où il a enseigné de 1955 à 1992 (collège secondaire et gymnase).