Testament de deux entrepreneurs de la communication
Marc Lamunière et Pascal Vandenberghe
Deux maîtres livres viennent de voir le jour à l’Aire. D’abord, il y a une promenade de Marc Lamunière qui revisite d’une manière philosophique sa vie d’entrepreneur de presse. Avec la complicité de Jacques Poget, il évoque les temps forts de son existence passée à la Grande Tour de l’Avenue de la Gare à Lausanne. Dans ce lieu, beaucoup de destins se sont joués. Psychodrames et exaltations ont cohabité. Derrière tous ces enjeux, il y avait le maître à penser: Marc Lamunière. Ce livre nous informe comment le décideur passait de la pensée à l’action. On y découvre ses passions esthétiques (Picasso surtout), littéraires et philosophiques. Montaigne, Spinoza, Comte-Sponville sont des auteurs qu’il lit et relit. Le Bouddha lui fait aussi quelques clins d’œil; cela lui permet de prendre une certaine distance avec ses compagnons de combat. Son titre «Le Jardin des piqûres» constitue une belle leçon de vie. Un livre qui, sans doute fera partie de notre patrimoine.
Le deuxième livre que nous avons le plaisir d’offrir au public sert hautement la cause la lecture et par conséquent de la littérature. De Gaulle n’avait pas tort quand il disait que les Français sont moyens mais brillants dans les exceptions. Et Pascal Vandenberghe constitue l’une de ces formidables exceptions. Il le le confirme avec talent et passion dans «Le Funambule du livre» dans lequel il retrace les temps forts de sa vie de libraire. Mais Pascal ne fut pas toujours libraire. Provenant d’un milieu modeste marqué par des drames familiaux, le jeune Pascal a d’abord mangé son pain noir en Franche-Comté puis il a effectué diverses métiers sans noms en Allemagne, au Brésil comme les aventuriers. Un aventurier gueulard, bagarreur, provocateur Mais aussi un assoiffé de lecture pour comprendre qui il était. Et, sans sourciller, je rajouterai qu’il y a chez Pascal Vandenberghe un côté chevaleresque qui fait songer à Cyrano de Bergerac. Un homme qui se plaît à relever des défis insensés. De livres en livres, de femmes en femmes, de découvertes en découvertes, il a terminé sa course à Lausanne dans le sanctuaire des Librairies Payot qu’il a fini par acquérir, lui le jeune fauché qui avait toutes les raisons d’être un désespéré. Mais le livre l’a sauvé et maintenant il met sa folle énergie à sauver le livre. Un itinéraire exemplaire qui va donner énergie et inspiration à quelques jeunes d’aujourd’hui noyés dans le doute. Ainsi Vandenberghe justifie son prénom Pascal qui nous invite à nous réinventer et à renaître.
Michel Moret