La Postérité du soleil

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Albert Camus

Ed. de l’Aire / 140 pages / ISBN 9783699002227

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Description

Ce livre n’est pas un album de photographies du Vaucluse mais la rencontre, en 1952, des images d’Henriette Grindat choisies et ordonnées par Albert Camus et des textes qu’il écrivit en regard de celles-ci. La double page blanche qui les sépare est le silence, voulu par l’auteur, pour interpeller la réflexion du lecteur, l’inviter au rêve. La postface: Naissance et jour levant d’une amitié est le seul texte que René Char ait consacré à son ami Albert Camus. Edwin Engelberts Car la Sorgue est habitée par des dieux. Seulement ses dieux à elle, ce sont les gens de la terre aux yeux rêveurs et aux mains rugueuses, au pas pesant, pour qui l’ennemi est le vent; l’alliée, la pierre, des dieux humains façonnés par l’usure des eaux, dans un premier matin; en somme, déjà des dieux autochtones. Aux trente clichés de paysages du Vaucluse de Henriette Grindat, s’allient donc trente textes composés par Albert Camus en 1952, nés d’un désir et d’un plaisir lors de ces vagabondages au pied du Lubéron au nom si frondeur. Un éventail d’images visuelles et auditives comme un bouquet d’un pays qu’on apprend à connaître et bientôt à reconnaître parce qu’il parle des images intérieures qu’on porte en soi: ici, c’est la fenêtre corsetée de volets de bois brut, la plénitude; là, la flèche illuminant d’une profondeur de ciel clair la noirceur d’un chemin qui invite à la promenade; plus loin, la chevelure hirsute d’un arbre dérangé par la brume, piqué de lumière; ou encore la porte robuste d’une maison aux façades mangées par la vigne et contre laquelle le regard bute: Ici vit un homme libre. Personne ne le sert. Le texte et la photographie: on sait leur mariage fécond parce que tous deux puisent à la même source, s’enivrent de la même caresse qui saisit l’essentiel, c’est-à-dire ce qui ne se voit pas immédiatement mais pourtant est là, feutré, d’une présence jamais lourde, fragile sans jamais se briser, éphémère dans son éternité. Qu’il soit heureux ce dévoilement à deux voix. Dans Photographie, il y a verbe, comme caché sous le mot, tout prêt à surgir: écrire, et une ambition: avec la lumière. Le photographe est celui qui écrit avec une plume de soleil pour saisir l’instant qu’il lègue à la postérité, émotion autant que témoignage bouleversant. Mais le poète aussi écrit avec la lumière. Ses mots à lui, profonds jusqu’à l’obstination, transparents, révèlent le fond commun et immémorial de l’humanité, celui même que chantaient les premiers poètes, celui sans doute qu’évoqueront celles des générations futures qui auront échappé à la barbarie. L’instantané de l’image saisie à vol d’oiseau; la pérennité du poème qui ose son éternité: la proximité ne choque pas. Au contraire, elle berce, comme deux infinis qui ne se croisent jamais vraiment et qui pourtant s’enlacent et séduisent. N’est-ce pas là le parangon même de la rencontre: la séduction, dans ce qu’elle propose de plus noble, dans sa volonté d’entraîner à l’écart des routes toutes tracées, de conduire sur des chemins de traverse, ceux seuls où se rencontrent les poètes, les vrais? Un livre d’émotions comme un tremblement sur la surface des eaux, sur la pellicule du temps, encadré par deux textes admirables de René Char. Dans la plaine chimérique de Vaucluse, je vous ai regardé souffrir, affirme-t-il ailleurs. Il s’agit bien ici de la souffrance de ces troncs, comme des âmes en mal d’oubli, qui se tordent au bord de la rivière consolatrice qui recueille dans son sein les affligés de toutes les errances.

Posface de René Char

Relié sous jaquette

Le portrait de Camus qui figure en couverte est d’Henriette Grindat.